Monday, November 9, 2015

Quand les rumeurs courent en bourse

Beaucoup se sont sentis trahis après le mensonge de Volkswagen. Mais se pourrait-il que l'industrie soit parfois elle-même victime de rumeurs en bourse ?

Photo: Katrina Tuliao / Flickr / cc


« Les rumeurs sont très fréquentes en bourse », confie Anthony Bondain, rédacteur en chef adjoint du site spécialisé dans l'édition d'informations boursières Boursier.com. « C'est même une sorte de fonds de commerce pour les investisseurs que d'obtenir ce genre d'information. Depuis qu'internet existe, les canaux de propagation sont évidemment bien plus vastes, et ce qui était réservé aux personnes très bien informées ou aux grosses révélations de la presse financière est [maintenant] accessible au plus grand nombre. » Boursier.com, détenu par le groupe Lagardère, contient d'ailleurs une page consacrée aux rumeurs en bourse.

Le 7 août 2011, un article paraît dans le quotidien britannique du Mail on Sunday, affirmant que la Société Générale nécessite un sauvetage financier. La Société Générale publie un communiqué le lendemain, parlant d' « allégations totalement fausses et irresponsables », et le 9 août le Daily Mail ôte l'article de son site web et présente ses excuses. Mais la banque attend le 10 août pour demander une enquête à l'Autorité des marchés financiers (AMF), et pendant ce temps la rumeur s'emballe : le titre perd 14,7% en bourse rapidement. En 2013, l'AMF épargne le quotidien britannique qui s'était excusé rapidement et avait publié un démenti. Quant à la Société Générale, elle reçoit des dommages et intérêts du Mail on Sunday lors d'un règlement à l'amiable.

Plus récemment, c'est le fabriquant de literie Cauval qui y perd des plumes. En février, la chaîne de magasins But, en affaires avec eux, colporte que la société Cauval est en cessation de paiement. En résulte une panique générale se traduisant par l'annulation de commandes et refus de crédits de la part des fournisseurs. Cauval voit ses ventes chuter de 26% dans les magasins But ; pourtant, elles sont en hausse de 36 % avec Conforama. Gilles Silberman, vice-président du groupe et principal actionnaire de la société, accuse : « Toute cette campagne de déstabilisation est faite pour nous acculer à la faillite en vue de récupérer l’entreprise ». Finalement en Mars, Cauval et But passent un accord à l'issue de deux jours et demi de négociations intenses. « Cet accord met fin à l’ensemble de nos différends », déclare M. Silberman, dont la société échappe de peu à la faillite.

Outre-Atlantique, Steve Jobs est aussi l'objet d'une rumeur en 2008 selon laquelle il aurait été victime d'une crise cardiaque. Bien qu'Apple le dément rapidement, la société essuie une baisse instantanée de 10% de ses actions. Cette rumeur avait été véhiculée sur CNN iReport, une initiative de « journalisme citoyen » de CNN qui permet à n'importe qui de publier, sans vérification – un exemple parlant qui en montre les limites.

Cet article fut écrit en tant que devoir universitaire.

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