Monday, April 18, 2016

L'homme qui demandait aux Américains de ne pas le tuer

C’est un témoignage rare, à prendre avec des pincettes : un Pakistanais et chef tribal du Waziristan serait la cible de drones américains. Il s’est rendu au Royaume-Uni pour demander aux Occidentaux de le retirer de leur liste noire.


“Je suis dans l’étrange position de savoir que je suis sur la ‘kill list’, commence le témoignage de Malik Jalal dans The Independent. A quatre reprises, des missiles m’ont pris pour cible. Je suis incroyablement chanceux d’être en vie”.

Malik Jalal vient du Waziristan, une zone grise du nord-ouest du Pakistan située à la frontière de l’Afghanistan. Il est l’un des chefs du Comité pour la paix dans le Waziristan du Nord. Le but du comité est de préserver la paix en “prévenant toute violence entre les Talibans locaux et les autorités”.

Témoignage d’un “terroriste”

Selon ses dires, son nom figure depuis 2011 sur la liste noire de l’armée américaine, la “kill list”. “Je suis conscient que les Américains et leurs alliés pensent que notre comité représente une cellule dangereuse et que nous ne faisons que créer un espace protégeant les Talibans pakistanais. A cela, je réponds : vous avez tort. Vous n’êtes jamais venus au Waziristan, donc comment pourriez-vous le savoir ?” écrit M. Jalal.

La situation au Waziristan s’est tendue le 27 mars 2011, le jour d’une attaque de drones meurtrière, comme le rapportait alors The Express Tribune. Dans leur colère, les chefs du comité ont proclamé faire le djihad contre les Etats-Unis. Voici comment le raconte M. Jalal :
Le 27 mars 2011, un missile américain a pris pour cible Jirga, où des chefs locaux – tous des collègues à moi – étaient en train d’essayer de résoudre une dispute locale et rétablir la paix. Quelque 40 civils sont morts ce jour-là, tous innocents […]. Comme d’autres ce jour-là, j’ai dit des choses que je regrette. J’étais en colère et j’ai juré que nous prendrions notre revanche. Mais en réalité, comment pourrions-nous ? Notre véritable frustration est que nous, les anciens de nos villages, sommes impuissants et ne pouvons protéger notre peuple.
Malik Jalal - Capture d'écran / BBC News

Malik Jalal est allé au Royaume-Uni. Il dit vouloir protéger sa famille, qui est autant que lui en proie aux drones par le simple fait d’être en sa présence. “J’ai décidé que si les Occidentaux voulaient me tuer sans même prendre la peine de venir me parler d’abord, peut-être devrais-je venir moi-même leur parler.” Le 11 avril, il était sur BBC Radio 4 pour raconter son histoire. “Je suis venu en Angleterre parce que je pense qu’elle est comme le petit frère des Etats-Unis. Je dis donc à l’Angleterre que les Etats-Unis ne nous écoutent pas, donc dites-leur d’arrêter de tuer les Waziristanais.”

“Pourquoi diable vient-il en Angleterre ?”

Mais face à cette initiative, les réactions sont mitigées. Le Daily Mail, par exemple, se montre sceptique à propos de l’histoire de M. Jilal, mettant en doute le fait “qu’il clame être un homme recherché” et qu’il puisse pourtant “prendre l’avion pour venir au Royaume-Uni […] sans se faire arrêter”. Mais comme le précise The Independent, M. Jalal est représenté par Reprieve, une ONG spécialisée dans la protection légale et le soutien de personnes dans des cas de persécution.

Le Daily Mail écrit plus bas que M. Jalal “a été invité au Royaume-Uni par Lord Macdonald, l’ancien directeur des Poursuites criminelles, et M. Jalal a aussi écrit une lettre à la secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Theresa May, et au secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Philip Hammond”.
L’intéressé, lui, termine son témoignage dans The Independent par l’appel suivant :
Posez-moi les questions que vous souhaitez, mais jugez-moi de manière juste – et arrêtez s’il vous plaît de terroriser ma femme et mes enfants. Et retirez-moi de cette "kill list".


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Sunday, April 17, 2016

Shakespeare fête son anniversaire dans le métro


Détail du plan de métro de Londres, à l’occasion des 400 ans depuis la mort de William Shakespeare.
IMAGE / TRANSPORT FOR LONDON AND SHAKESPEARE GLOBE
Pour les 400 ans de la mort du célèbre dramaturge britannique, le plan du métro de la capitale anglaise renomme les stations avec des références aux œuvres de Shakespeare.


Richard III, Lady Macbeth ou Hamlet : à l’occasion des célébrations prévues pour le 400e anniversaire de la mort de William Shakespeare, les stations du métro de Londres vont changer de nom – du moins sur papier. La compagnie de transport londonienne (TfL) a dévoilé une nouvelle version du célèbre plan coloré du métro de la capitale qui sera disponible à la vente pour le 18 avril, format affiche y compris.


Visite hors du temps

Pour aller visiter le célèbre quartier de Westminster, véritable épicentre culturel et politique de la ville, il faudra ainsi descendre à la station du Roi Lear. Pour échapper à la ville et se relaxer au beau St James Parc, il faudra passer par la première – et la plus sanglante – pièce de Shakespeare : Titus Antonicus (station marquée d’une petite tête de mort sur le plan).


Autre attrait de cette carte d’anniversaire : on peut y voir l’emplacement des trois théâtres de la capitale où les pièces de Shakespeare étaient jouées à son époque. La Blackfriars Playhouse est indiquée face au célèbre théâtre du Globe, de part et d’autre de la Tamise. C’est au Globe que se dérouleront d’ailleurs des représentations de pièces du dramaturge durant tout le mois d’avril, pour les célébrations. Le Curtain Theatre fait aussi partie du plan, dans dans le quartier est de Shoreditch – un théâtre redécouvert récemment, rappelle le Huffington Post dans son édition britannique.

“Des œuvres accessibles à tous”

A la tête de l’enseignement supérieur et de la recherche au théâtre du Globe de Shakespeare à Londres, Farah Karim-Cooper se réjouit de cette initiative :
L’idée de naviguer entre les pièces [de Shakespeare] de la même façon qu’on pourrait naviguer dans le métro nous rappelle que, toutes complexes qu’elles soient, les œuvres de Shakespeare sont complètement accessibles à tous.
L’effort pédagogique derrière ce nouveau plan de métro est présent dans les moindres détails, explique le Huffington Post : “Chaque ligne de métro a une thématique spécifique, avec des noms de stations liés à ce thème”. Aussi, “là où c’est possible, des noms de pièces et de personnages qui pouvaient appartenir à deux thématiques différentes ont été placés à des stations de correspondance entre les lignes des thématiques en question”.


Pour l’occasion, The Telegraph titre “Tu-be or not Tu-be”, jeu de mots entre la célèbre formule “être ou ne pas être”, et le métro londonien communément appelé le “Tube”. Le quotidien britannique rappelle aussi que célébrer la mort du dramaturge, c’est aussi lui souhaiter bon anniversaire. La légende veut que Shakespeare soit mort le jour où il fêtait ses 52 ans, le 23 avril 1616.

Portrait de William Shakespeare, probablement peint par John Taylor (avec modification de circonstance).IMAGE / DOMAINE PUBLIC / WIKIMEDIA COMMONS
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Saturday, April 16, 2016

Les lois anti-LGBT font fuir les entreprises

Drapeau LGBT étatsunien. Image: Wikimerdia Commons

Plusieurs Etats du Sud ont récemment adopté des mesures discriminatoires contre les homosexuels. Mais ils font face à la pression de nombreuses entreprises qui n’hésitent pas à les boycotter. En Caroline du Nord, le gouverneur a reculé sur une loi discriminant la communauté LGBT.

“Les entreprises doivent prendre la tête du combat contre une série de lois discriminatoires”, exhorte le Financial Times dans un édito sur “La réaction anti-gay dans le Sud des Etats-Unis”.

De fait, le passage d’une série de mesures anti-gay et anti-transgenres dans divers Etats du Sud est en train d’accentuer les tensions entre l’aile conservatrice du parti républicain et le monde des grandes entreprises. Le New York Times évoque “les fissures de plus en plus importantes entre les intérêts des entreprises et le conservatisme social”, dont l’alliance a joué un “rôle central dans la coalition républicaine”.

“Loi toilettes”

Dernière illustration en date : la “loi toilettes” adoptée le 24 mars en Caroline du Nord, qui oblige notamment les transgenres à utiliser uniquement les toilettes correspondant au sexe inscrit sur leur acte de naissance. Elle a conduit de nombreuses grandes entreprises américaines et internationales à boycotter l’Etat.


“Plus de 100 directeurs d’entreprises, y compris ceux de Bank of America, IBM, Apple, Intel, Google, et American Airlines, ont signé une lettre appelant au retrait de cette loi”, rappelle un chroniqueur dans le Charlotte Post. La compagnie PayPal et la Deutsche Bank sont toutes deux revenues sur leurs plans d’investissement et leurs promesses d’embauche dans l’Etat. Tandis que l’artiste Bruce Springsteen a annulé un concert en Caroline du Nord.

Le 12 avril, le gouverneur républicain de l’Etat, Pat McCrory, a fini par émettre un décret amendant la loi pour tenter de calmer les esprits. Il n’a cependant pas touché à la disposition la plus polémique, celle sur les toilettes.

Manœuvre politique

Les politiciens républicains sont en réalité pris en étau entre leur base conservatrice et les entreprises. Selon un législateur cité dans The Charlotte Post, les parlementaires de la Caroline du Nord “savaient très bien ce qu’ils faisaient” lorsqu’ils ont adopté la “loi toilettes”, car “cette nouvelle loi peut mobiliser leur base électorale”. Le Washington Post précise que de nombreux républicains avaient espéré que la “loi toilettes” puisse rassurer les électeurs évangéliques.


Mais les entreprises ne l’entendent pas de cette oreille et ont déjà obtenu plusieurs succès, note le Financial Times. 
“Le gouverneur républicain de Géorgie a opposé son veto à un projet de loi similaire le mois dernier après que Coca-Cola, Home Depot et d’autres grandes entreprises d’Atlanta se sont élevées contre la nouvelle loi.”
Et Tim Cook, le PDG d’Apple, “a joué un rôle clé l’an dernier en persuadant l’Indiana et l’Arkansas de reculer sur des projets de loi du même genre”.

Pour le Financial Times, l’agenda conservateur sur les questions de société est “voué à l’échec”. Le quotidien conseille au Parti républicain de “revisiter ses principes de base”. “Si les législateurs républicains aliènent les entreprises et la clientèle, les investisseurs partiront ailleurs. C’est comme ça que les marchés fonctionnent. Il en va de même pour les votes.”

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Thursday, April 14, 2016

Taher Shah, un ange loufoque sur YouTube [vidéo]



La star pakistanaise Taher Shah n’est que paix et amour, et a déchaîné les réseaux sociaux avec son nouveau clip “Angel”.

“Pas de temps pour les explications, Taher Shah a mis en ligne sa nouvelle vidéo : Angel, s’empresse d’écrire le Daily Pakistan samedi 9 avril. “Vous avez vu ? Taher Shah s’est surpassé !” Cette vidéo montre l’intéressé, un homme de 36 ans, en robe et cheveux longs, chantant : “Je suis comme un ange, l’ange de l’humanité, mon cœur est comme une rose…”

Phénomène YouTube inattendu


Inconnu il y a quelques années encore, Taher Shah est devenu une vraie star au Pakistan – le DNA India va jusqu’à le qualifier de “référence culturelle du Pakistan”. Le quotidien indien commente : “Il est difficile de mettre le doigt sur ce qui rend Shah si populaire, mais il est devenu le chouchou d’Internet dans le genre ‘c’est tellement mauvais que c’est bon’”.

Taher Shah est maintenant “célèbre non seulement au Pakistan et en Asie du Sud, mais même au-delà du Pacifique, aux Etats-Unis”, selon le quotidien anglophone dubaïote Khaleej Times. Et c’est vrai : même le Washington Post parle de cette “star YouTube la plus bizarre au monde”.

Dans la vie, Taher Shah est cependant un homme d’affaires de la ville de Karachi. Sur YouTube, il n’en est pas à son premier coup d’essai : en avril 2013, il a sorti sa première chanson, Eye to Eye, devenant un phénomène viral sur Internet quelques mois plus tard. Il est aujourd’hui l’objet d’un véritable “culte”, amassant 47 000 abonnés sur Twitter ; il est aussi bien sûr l’objet de blagues et de memes sur Internet.

“Message de paix”

Est-il parodique ? Que nenni. Lors d’interviews à la télévision pakistanaise et dans un article sur son blog parlant de l’“idéologie” de sa chanson, Shah semble vraiment croire qu’il a le pouvoir d’inspirer le meilleur de l’humanité.

Le Washington Post introduit d’ailleurs Taher Shah de façon adorable, et décrit peut-être ce qui le rend aussi populaire : “Dans une période où le Pakistan fait l’actualité avec des attentats macabres et un taux croissant d’exécutions, un ange inattendu est apparu avec un message de paix, d’amour et d’harmonie.”

Comme l’a tweeté un membre du programme pour l’Asie du Sud au centre international Woodrow Wilson à Washington : “C’est comme le cricket – ça m’embrouille – mais je suis heureux que ce soit autre chose que le terrorisme qui fasse parler du Pakistan sur Internet” :

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Etats-Unis. Le maire de New York fait une blague raciale : et alors ?

Hillary Clinton et Bill de Blasio font leur sketch au Inner Circle show, le samedi 9 avril 2016.
CAPTURE D'ECRAN / STEVE BRULE / YOUTUBE

Un échange, samedi 9 avril, entre le maire de New York, Bill de Blasio, et la candidate à la présidentielle Hillary Clinton, a choqué la communauté africaine-américaine. Pour le New York Daily News, cette colère n’a pas lieu d’être.

Le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, s’est fait incendier sur les réseaux sociaux après son sketch au Inner Circle Show, samedi 9 avril. Pourtant, bien que ce sketch soit maladroit, il n’y a pas de quoi s’offusquer si violemment, estime l’éditorialiste africain-américain du New York Daily News, Robert A. George : “Ça devait être une semaine bien calme sur Internet pour que l’on s’attarde, au point d’être outragé, sur cet échange entre Bill de Blasio et Hillary Clinton.”




Dans le sketch, la candidate démocrate Hillary Clinton critique Bill de Blasio pour avoir tardé à lui apporter son soutien, ce à quoi le maire répond : “Désolée, Hillary, j’étais à la ‘C.P. time’ [l’heure des Africains-Américains].” Un spectateur interpelle le maire avec un “non !” ; on entend quelques rires gênés dans la salle.

“Dans l’argot, [C.P. time] est l’abréviation de ‘colored people time’– un stéréotype insultant selon lequel les Africains-Américains sont toujours en retard, et qui, en fait, a été adopté par les Africains-Américains eux-mêmes à des fins d’autodérision”, explique l’éditorialiste du tabloïd new-yorkais.

La troisième personne sur scène – “élément important”, précise le quotidien – est l’acteur africain-américain Leslie Odom Junior, qui joue le personnage d’Aaron Burr dans la comédie musicale Hamilton, faisant actuellement fureur à New York. L’acteur répond, “faussement offensé” : “Je n’aime pas ce genre de blagues, Bill.” Hillary ajoute alors : “Non, il voulait dire qu’il est à l’heure des politiciens prudents [cautious politician time] !”

[A lire aussi: Face à la police américaine, être noir c'est être "présumé dangereux"]

Le quotidien new-yorkais, à tendance libérale, apporte son analyse et déplore le manque d’ouverture des critiques :
“Donc les politiciens blancs ne devraient jamais nager en eaux raciales – même s’ils partagent la scène avec un homme noir jouant le rôle d’un homme blanc dans une comédie musicale qui bouleverse le débat sur le concept de race ? Même si le maire blanc est marié à une femme noire – qui n’était que quelques mètres plus loin dans le public ? […] Certaines blagues ne peuvent pas toujours être faites, mais celle-là était de circonstance.”
Le tabloïd perd enfin patience et lance : “Aux justiciers sociaux gauchistes qui parlent de privilège, et aux conservateurs moralisants qui se plaignent de standards à deux vitesses : détendez-vous.”



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Wednesday, April 13, 2016

Le streaming en ligne, ça paie

Adele lors d'un concert en janvier 2009. Photo / Christopher Macsurak / Flickr

Les maisons de disques ont enregistré leur plus rapide croissance de revenus depuis deux décennies, et ce grâce à la montée en puissance de sites de streaming payants comme Spotify ou Apple Music.

Une telle augmentation des revenus ne s’était pas vue depuis 1998, annonce le Financial Times le 12 avril. Les revenus totaux de l’industrie musicale ont augmenté de 3,2 %, pour atteindre 15 milliards de dollars (13,3 milliards d’euros) en 2015, selon les informations de la Fédération internationale de l’industrie phonographique (Ifpi), qui représente les maisons de disques du monde entier. C’est même la première fois que les revenus digitaux dépassent ceux des ventes de disques.

[A lire aussi: "Open Jazz", une émission au diapason d'Alex Dutilh"]

Le quotidien économique londonien précise que les chanteurs britanniques Adele et Ed Sheeran ont été les artistes les plus commercialisés, suivis par Taylor Swift, Justin Bieber et One Direction. La principale raison de cette croissance est la popularité grandissante des sites de musique en streaming payants, comme Spotify ou Apple Music, qui aident à compenser la baisse des ventes de CD et de téléchargements.

Frances Moore, présidente de l’Ifpi se réjouit de cette croissance mais rappelle que certains services de musique en streaming, comme YouTube, ne paient toujours pas assez de droits aux maisons de disques pour l’utilisation de leurs chansons. Parmi les revenus perçus par les maisons de disques, seulement 634 millions de dollars (560 millions d’euros) provenaient de YouTube l’an dernier, contre 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) pour Spotify et Apple Music.

[A lire aussi: Live Review at the Blue Note Jazz Club, NYC]

Quant aux ventes de disques, elles continuent de baisser, mais le taux de décroissance (4,5 %) est moitié moins élevé par rapport aux années précédentes, offrant un bénéfice de 5,9 milliards de dollars (5,2 milliards d’euros). “Ces ventes [de CD] ont été stimulées en partie par le succès du dernier album d’Adele, qui a été tenu à l’écart des services de streaming”, explique le quotidien britannique, “et grâce aussi au Japon – le deuxième plus grand marché de musique au monde, où le CD est encore le principal médium de consommation de la musique”. 

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Tuesday, April 12, 2016

Epidémie de suicides dans une communauté amérindienne

La nation Attawapiskat est une communauté isolée du district de Kenora dans le Nord de l'Ontario, au Canada.
CAPTURE D'ECRAN / THE NATIONAL (CBC) / YOUTUBE

Une vague de suicides, notamment chez les jeunes, frappe la communauté d’Attawapiskat au Canada, qui a déclaré l’état d’urgence. Cette crise est une conséquence de l’histoire des Amérindiens au Canada, estiment des commentateurs.


La communauté canadienne d’Attawapiskat a déclaré l’état d’urgence : samedi 9 avril au soir, 11 personnes ont tenté de se suicider. En mars, 28 personnes avaient tenté de mettre fin à leur vie, et 100 tentatives ont été recensées dans les sept derniers mois, selon le magazine Maclean’s.

Mardi 12 avril, “l’ampleur de la crise à Attawapiskat s’est révélée encore plus profondément”, ajoute Le Devoir, qui a annoncé qu’un pacte de suicide impliquant 13 jeunes autochtones avait été “déjoué”. Un débat d’urgence a eu lieu le soir au Parlement. “Ottawa a pris la mesure d’un drame loin d’être unique”, écrit le journal québécois.

Un problème dans tout le pays

Comme le rappelle le quotidien canadien National Post, la communauté d’Attawapiskat, qui compte quelque 2 000 membres, est victime de suicides “depuis des décennies”. Le magazine américain The Atlantic explique que cette communauté connaît “un fort taux de pauvreté”. Localisée près de la baie de Hudson, dans le nord du pays, elle n’a pas accès aux mêmes ressources que les autres Canadiens : “La ville la plus proche se trouve à 500 kilomètres.” 

Plus largement, le magazine souligne que le suicide est la première cause de décès des jeunes Amérindiens au Canada, “cinq à six fois plus à même de se suicider que les autres jeunes”. Le député Charlie Angus a déploré le manque de ressources à la Chambre des communes du Canada :  
Quand un jeune tente de mettre fin à sa vie dans une école de banlieue, des équipes sont envoyées en urgence. (…) Les communautés du Nord sont laissées à elles-mêmes. Nous n’avons pas de moyens de fournir des soins psychologiques. Nous n’avons pas de ressources.

Traumatisme

Pour plusieurs commentateurs, cette épidémie de suicides est une conséquence directe de l’histoire canadienne. Elle révèle “une sombre réalité à laquelle doit à présent se confronter un pays qui se trouve au milieu d’un processus de vérité et réconciliation”, écrit un contributeur canadien amérindien dans The Guardian.
Cette urgence a été fabriquée sur plusieurs générations et tacitement favorisée par un Canada qui a décidé d’exploiter ses ressources naturelles, de faire du prosélytisme et de brutaliser des générations d’enfants dans les pensionnats [autochtones], puis de se retirer en laissant les logements, les systèmes d’éducation et de santé dans un état déplorable.
Un diagnostic partagé par l’écrivain canadien Joseph Boyden, qui évoque dans le magazine Maclean’s “un traumatisme intergénérationnel”.

Comme le rappelle le contributeur du Guardian, le Canada a engagé un processus de “vérité et réconciliation”. En décembre dernier, une Commission vérité et réconciliation a estimé que la séparation et l’acculturation forcée des enfants dans les pensionnats autochtones avaient constitué un “génocide culturel”. La crise chez les Attawapiskat montrera “jusqu’où le Canada est vraiment prêt à s’engager pour la vérité et la réconciliation”, conclut le texte du Guardian.

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Monday, April 11, 2016

L'ambassadeur d'Espagne à Bruxelles viré pour absentéisme

Ignacio Jesús Matellanes Martínez. Photo / El Progreso / CÉLINE AEMISEGGER (EFE)

Brève basée sur l'article de El Confidencial

Le journal en ligne El Confidencial a révélé le 9 avril que l’ambassadeur d’Espagne en Belgique avait été démis de ses fonctions pour absentéisme et abus d’autorité.

Une gestion de l’ambassade “paralysée et handicapée par l’absentéisme et le manque d’action du chef de mission” : voilà pourquoi le ministère des Affaires étrangères espagnol a demandé le départ de l’ambassadeur d’Espagne à Bruxelles, Ignacio Jesús Matellanes Martínez.

Le quotidien en ligne El Confidencial a annoncé le licenciement samedi 9 avril, et fut le premier à mettre en lumière les “irrégularités de l’ambassadeur, qui durent depuis quatre ans”. Si le ministère a longuement hésité à prendre une décision, c’est parce que M. Matellanes était proche de l’eurodéputé Francisco Millán, le beau-frère du chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.

[A lire aussi: Alastair Campbell au Centre culturel irlandais]

Outre son absentéisme, continue le journal madrilène, “l’ambassadeur avait rompu tout lien avec le gouvernement belge”. De façon interne, l’ambassadeur – lorsqu’il était là – abusait de son autorité sur les autres employés “par la peur, la menace et la confrontation”. Quatre membres du personnel sont partis pour dépression sur les vingt membres composant l’ambassade. M. Matellanes se montrait également misogyne, selon des sources de l’ambassade : “A une femme qui était revenue de son congé de maternité il n’arrêtait pas de dire qu’elle était devenue plus bête depuis qu’elle avait des enfants.”

L’élément déclencheur fut le rapport d’une inspection interne de l’ambassade entre le 9 et le 11 mars 2016, alertant le ministère espagnol de certaines “anomalies très graves”. “Le renvoi de Matellanes était sur la table dans les jours suivant la réception du rapport, explique le journal, mais le climat post-attentats à Bruxelles avait [retardé] le processus.”


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Courrier International

[Vu de Grèce] Macédoine : la répression des réfugiés est intolérable

Les réfugiés et migrants fuient les bombes lacrymogènes. Capture d'écran / slobodnaevropa / Youtube

Près de 300 personnes ont été blessées, le 10 avril, dans le camp grec d’Idomeni, à la frontière entre la Grèce et la Macédoine. Les Macédoniens rejettent la faute sur les autres et nient toute responsabilité, s’indigne la presse grecque.


Une protestation de quelque 500 réfugiés pour la réouverture de la frontière de la Macédoine a dégénéré à Idomeni en Grèce, le dimanche 10 avril. A la suite de la répression menée par les forces de l’ordre macédoniennes qui ont eu massivement recours au gaz lacrymogène, 200 personnes souffrent de problèmes respiratoires. Trente-quatre autres réfugiés ont des plaies ouvertes, et 30 souffrent de blessures dues à des balles en plastique, rapporte le quotidien grec en ligne iefimerida.gr.

[A lire aussi: La Grèce renvoie les premiers réfugiés vers la Turquie]


Pourtant les autorités macédoniennes nient tout recours à la violence physique contre les réfugiés, souligne le journal I Kathimerini, qui cite une note libre de sources diplomatiques macédoniennes. Selon ces sources, “23 policiers de [Macédoine] ont été blessés, alors qu’aucun réfugié n’a été blessé sur le territoire macédonien”. Les sources parlent aussi de 3 000 réfugiés et non de 500, et laissent penser que ce sont les réfugiés qui sont à l’origine des violences. 

[A lire aussi: Macédoine, ce pays dont on ne doit pas prononcer le nom]


Le quotidien grec est très critique face à cette version, dans un contexte où la relation entre la Grèce et la Macédoine est politiquement tendue. “Il devient clair que, du côté du pays voisin, le mouvement des réfugiés est traité comme un mouvement d’invasion hostile”, commente I Kathimerini.

Dans cette même note libre, les sources macédoniennes suspectent les ONG d’avoir relayé de fausses informations aux réfugiés. Les autorités grecques sont également fustigées : elles auraient été appelées en renfort plusieurs fois, et “bien qu’il ne soit pas mentionné si les autorités grecques ont répondu ou pas à cet appel, il est clairement suggéré qu’elles n’ont pas réagi”, relève I Kathimerini.

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Saturday, April 9, 2016

Humans of New York Founder Takes on Donald Trump [New York Times]


Le blog devenu New York Times bestseller.
Photo / Fabienne D / Flickr

Voir l'article original dans le New York Times ici

Le fondateur de Humans of New York, un célèbre blog de photos-portraits de gens ordinaires racontant leurs histoires de vie, a décidé de mettre de côté sa neutralité pour dire le fond de sa pensée sur le candidat républicain.




Brandon Stanton n’en peut plus de Donald Trump. Ce journaliste-photographe de 32 ans, à l’origine du blog Humans of New York, a écrit une lettre ouverte via un statut Facebook le 14 mars, attaquant les propos violents et récurrents du magnat de la finance et candidat à la primaire républicaine. The New York Times cite sa lettre :
Je t’ai regardé partager des images racistes sur Twitter. Je t’ai regardé partager des mensonges racistes sur Twitter. Je t’ai regardé prendre quarante-huit heures avant de désavouer la suprématie blanche. Je t’ai regardé encourager la violence avec joie, et promettre de ‘payer les cautions’ de ceux qui auraient été les auteurs de violences faites en ton nom.
“La réaction a été explosive”, écrit le quotidien américain : “En huit heures, le statut a été partagé 712 000 fois”. Moins d’un mois plus tard, les partages se sont élevés à plus de 1 million, avec 2,3 millions de mention “J’aime”. Le quotidien américain précise aussi que la page Facebook du photographe a 17 millions d’abonnés – contre 6,7 millions pour celle de Donald Trump.  

A lire aussi: L'exploitation politique des attentats de Bruxelles [EN]

Ce journaliste a d’abord créé sa galerie de photos avec des habitants de New York, puis est parti s’entretenir et photographier des personnes en Iran, en Irak et au Pakistan. “J’ai aussi interviewé des réfugiés syriens et irakiens dans sept pays différents”, écrit-il dans sa lettre adressée au candidat républicain, “et je peux confirmer que le seul qui est plein de haine, c’est toi”.

Pour Brandon Stanton, le discours de Donald Trump est si dangereux qu’il se devait de troquer sa neutralité, au risque de choquer certains, et de “prendre position moralement”, a-t-il confié au New York Times. “Je ne suis pas un activiste. Mais rester silencieux sur un sujet moral me faisait vraiment me sentir coupable.”

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Friday, April 8, 2016

Peut-on accueillir un mafieux dans un talk-show ?

Bruno Vespa (au centre), le présentateur de l’émission Porta a Porta. Sur l’écran, Salvo Riina (à gauche) et son père Totò (à droite).
Capture d'écran Youtube / Rai

L’émission “Porta a porta” sur Rai Uno fait une nouvelle fois polémique après avoir accueilli le fils d’un chef de la mafia sicilienne Cosa Nostra.

“Tempête sur la Rai”, titre la Repubblica : l’emblématique talk-show italien “Porta a Porta” (“Porte à porte”), de la chaîne publique Rai Uno, a diffusé mercredi 6 avril une interview du fils du grand mafieux sicilien Totò Riina, chef de Cosa Nostra. Le fils, Salvo Riina, a lui-même purgé huit ans et dix mois de prison pour association mafieuse et est en liberté surveillée, rappelle le portail Il Post. Suite à l’émission, une tempête de réactions indignées s’est abattue sur la chaîne.

L’émission a été organisée à l’occasion de la sortie du livre de Salvo, Riina Family Life, où il décrit une vie “sereine” étant enfant, avec un père “aimant” (qui était alors en cavale). Lors de l’interview, le célèbre présentateur Bruno Vespa – souvent décrié pour son ton complaisant - lui demande s’il se rappelle du 23 mai 1992, le jour où Giovanni Falcone, célèbre juge anti-mafia, a été assassiné par Cosa Nostra. “Je me rappelle être rentré à la maison, et mon père était là à regarder le journal télévisé. Ca ne m’est jamais venu à l’esprit qu’il puisse être impliqué dans cet attentat”, répond Salvo.

Un retour de bâton immédiat

La sœur de Giovanni Falcone a dit être “consternée” par cette interview. Il Post la cite : 
Je m’engage à porter les valeurs de légalité et de justice aux jeunes de toute l’Italie, valeurs pour lesquelles mon frère a dû subir l’extrême sacrifice, et il est indigne de voir une telle présence dans un média censé relever du service public.
Une pétition a même été mise en ligne sur le site Change.org pour fermer l’émission Porta a Porta. Elle a déjà recueilli 110 000 signatures au matin du 8 avril, soit deux jours après la diffusion de l’émission. “Il est inacceptable que la Rai autorise la diffusion de cette émission de Porta a Porta”, s’insurge la pétition : “La Rai est publique, payée avec nos impôts ! Nous ne pouvons plus supporter ce genre d’émissions, cette fausse information journalistique. Et ce n’est pas la première fois.” 

La librairie “Il Vicolo Stretto” à Catane, en Sicile, a refusé de vendre son livre, et a appelé les autres librairies via Facebook à faire de même. Le Corriere del Veneto rapporte également que la maison d’édition Feltrinelli a refusé d’héberger la présentation du livre de Salvo dans sa librairie de Padoue : “prendre en charge le fils de Totò Riina n’est pas en accord avec notre politique”, a déclaré un représentant.

Une interview si monstrueuse que ça ?

Quant à Massimo Gramellini, écrivant son édito quotidien “Bonjour” dans La Stampa, il refuse de faire la chasse aux sorcières.
Interviewer le fils de Totò Riina est un coup journalistique. Pas autant que si cela avait été le père, mais presque. Et pourtant, dès que c’est Bruno Vespa qui le fait, cela devient soudainement une chose immonde. […] Quel journaliste serait assez fou pour refuser une conversation avec le chef de Daech ?
En attendant, la Commission parlementaire antimafia a convoqué, jeudi 7 avril, la présidente de la Rai, Monica Maggioni, et le directeur général Antonio Campo Dall’Orto, pour une audition de toute urgence, comme le rapporte le Corriere della Sera. A la tête de la Commission, Rosy Bindi a publiquement condamné l’émission de télévision, qu’elle a estimé être “le salon du négationnisme de la mafia”.

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Wednesday, April 6, 2016

Le Mississippi légalise la discrimination envers les homosexuels

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L’Etat du Sud américain a voté une loi permettant aux entreprises de discriminer les couples homosexuels, sous couvert de liberté religieuse.

Les commerces de l’Etat du Mississippi pourront désormais refuser de servir des couples homosexuels. Mardi 5 avril, le gouverneur de l’Etat américain, Phil Bryant, a promulgué cette loi déjà très décriée dans un but de protection des “libertés religieuses et des convictions sincères” de chacun, rapporte The Washington Post. Elle entrera en vigueur le 1er juillet 2016.

Cette nouvelle loi établit également que “le genre d’une personne est déterminé par l’anatomie et la génétique d’une personne à sa naissance”, et va plus loin en donnant la possibilité aux commerces de “déterminer qui peut aller dans les toilettes, les cabines d’essayage et les vestiaires”.


The Washington Post précise :
La Human Rights Campaign [le plus gros organisme de défense des droits de la population LGBT aux Etats-Unis] a relevé 200 projets de loi contre les personnes LGBT […] dans une trentaine d’Etats lors des sessions parlementaires de cette année. Le groupe a dit que trois de ces projets de loi ont été promulgués : au Mississippi, en Caroline du Nord […] et au Kansas le mois dernier […].” 
En effet la Caroline du Nord a récemment interdit aux personnes transsexuelles d’utiliser les toilettes correspondant à leur identité de genre. Le quotidien américain ne manque pas de mentionner que le révérend Franklin Graham, de Caroline du Nord, a félicité le gouverneur du Mississippi sur Twitter :

Phil Bryant estime que “cette loi n’enfreint aucun droit protégé par la Constitution, ni aucune action de quelque citoyen de cet Etat sous la loi fédérale ou de l’Etat”. Pour les organisations opposées à cette loi, cela représente au contraire une discrimination cautionnée par l’Etat.

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Tuesday, April 5, 2016

WikiLeaks révèle comment le FMI met la pression sur Athènes

Christine Lagarde World Economic Forum 2013


Les négociations entre la Grèce et ses créanciers ont repris dans un climat tendu lundi 4 avril, suite à la fuite par Wikileaks d’une conversation privée entre deux représentants du FMI sur l’état des discussions.



La presse grecque l’appelle le “FMIgate” : samedi 2 avril, WikiLeaks a dévoilé le contenu d’une conversation entre deux responsables du Fonds monétaire international sur l’état des négociations avec Athènes, qui ont repris lundi 4 avril. 

“Les discussions qui [ont commencé lundi] vont avoir lieu dans un climat négatif, à l’heure où le consensus et la bonne coopération afin de combler les différences majeures sont essentielles pour les négociations”, se désole I Kathimerini. La première entrevue de lundi 4 avril n’a duré que quatre-vingts minutes, “dans un climat particulièrement froid”, ajoute To Vima.

Une conversation qui dérange 

La fuite implique une téléconférence du 19 mars entre Poul Thomsen, chef du département Europe du FMI, et Delia Velculescu, chef de mission du FMI pour la Grèce. WikiLeaks rapporte :
Thomsen a dit […] que la menace d’une catastrophe financière est nécessaire pour forcer les autres partis à prendre une décision. [Ceci implique] pour l’Allemagne d’accepter un allègement de la dette et, pour la Grèce, d’accepter les mesures d’austérité du FMI […].
Ces “mesures d’austérité”, principaux points de mésentente, concernent les retraites et la réforme fiscale. “Si [le gouvernement grec] sentait plus de pression, ils [adopteraient notre vision]… Mais ils n’ont aucune incitation parce qu’ils savent que la Commission [européenne] est ouverte au compromis, c’est le problème”, a déclaré Delia Velculescu.

En effet, chacun compte bien garder ses positions : I Kathimerini rapporte les propos d’un Premier ministre grec agacé lundi 4 avril au soir :
Le FMI nie l’accord que l’on a signé en juillet [2015] et demande encore plus de mesures […]. Nous sommes arrivés à notre limite politique [avec cet] accord. Nous nous y tiendrons ; nous ne ferons pas plus, pas moins. Il est paradoxal qu’ils veuillent la dissolution de la Grèce et de l’Europe, tout ça parce qu’ils ne peuvent reconnaître leur échec.
De son côté, le ministre de l’Economie allemand Wolfgang Schäuble a affirmé qu’il n’envisageait pas d’allègement de la dette grecque, précise To Vima.

Le FMI contre-attaque 

Le gouvernement grec a exigé dans la foulée des explications sur ce plan impliquant le défaut du pays comme moyen de pression. La directrice du FMI Christine Lagarde a répondu dimanche 3 avril via une lettre publique :
Bien sûr, toute spéculation sur le fait que les équipes du FMI envisageraient d’utiliser un événement de crédit comme tactique de négociation est simplement absurde. […] Le FMI conduit ses négociations de bonne foi, pas par des menaces, et nous ne communiquons pas par l’intermédiaire de fuites.
Elle a aussi demandé que les autorités grecques “assurent un environnement qui respecte le caractère privé des discussions internes” des représentants du FMI venant en Grèce. Cet élément, selon I Kathimerini, suggère que “le Fonds considère Athènes responsable de ces fuites”, ce que le gouvernement grec a démenti ce week-end.

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Monday, April 4, 2016

La Grèce renvoie les premiers réfugiés vers la Turquie

20101009 Arrested refugees immigrants in Fylakio detention center Thrace Evros Greece restored


Les premiers bateaux ont commencé à transporter quelques centaines de réfugiés et migrants de la Grèce vers les côtes turques, dans le cadre de l’accord passé entre l’UE et la Turquie en mars. Les réfugiés redoutent le transfert vers ce pays.

“Dès l’aube de lundi, les premiers navires ont conduit les réfugiés des îles grecques vers la Turquie”, rapporte To Vima. Lundi 4 avril, l’accord controversé adopté le 18 mars entre la Turquie et l’Union européenne sur les réfugiés entre en vigueur.


Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’UE, supervise l’opération. D’après I Kathimerini, deux bateaux battant pavillon turc affrétés par l’agence sont partis très tôt ce matin de Lesbos, transportant 131 migrants vers le port turc de Dikili, alors que 60 partaient de l’île de Chios. La plupart de ces migrants venaient du Pakistan et du Bangladesh, selon la porte-parole de Frontex.

Mais “l’incertitude persiste”, commente To Vima, notamment sur les zones turques de réception, encore en construction : A Dikili, […] les autorités locales se sont plaintes de ne pas avoir été adéquatement informées par le gouvernement central quant à l’organisation [du retour des migrants]”, écrit le quotidien. 


Amnesty International estime que la Turquie n’est pas un pays sûr pour les réfugiés : “A Chios, la situation est instable. Des centaines de réfugiés ont fui le hotspot de l’île où ils étaient gardés en attendant d’être emmenés vers la Turquie et errent dans les rues environnantes”, informe To Vima. Même chose sur le port du Pirée hier, où, selon I Kathimerini, aucune des 4 800 personnes qui s’y trouvent n’a voulu entrer dans les trois bus venus pour les affréter vers des centres d’accueil.

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Sunday, April 3, 2016

Cinq professionnelles du foot réclament l'égalité salariale

Women's Soccer, 9 August 2012 / Wikimedia Commons / Joel Solomon


Aux Etats-Unis, cinq grands noms du football féminin portent plainte pour discrimination salariale. Leurs homologues masculins, moins bons qu’elles, sont mieux payés.

Elles ont porté plainte mercredi 30 mars contre la société US Soccer qui régit ce sport aux Etats-Unis : Hope Solo, Carli Lloyd, Becky Sauerbrunn, Alex Morgan et Megan Rapinoe veulent mener la bataille pour leur équipe. La raison : l’équipe féminine ne touche que 40 % du montant du salaire attribué aux membres de l’équipe masculine. Pourtant, The New York Times rappelle que “l’équipe masculine a toujours été connue pour être médiocre. L’équipe féminine est un phénomène, gagnant des championnats mondiaux et olympiques.”

Pourtant, selon les propos de Hope Solo, gardienne des buts de l’équipe des Etats-Unis, “pour faire acte de présence, les hommes sont payés plus que nous ne sommes payées pour remporter des tournois majeurs”. Elles ne reçoivent pas non plus de bonus de compensation en cas de défaite de leur équipe, contrairement aux hommes, précise The New York Times.

La Fédération américaine de football a riposté lors d’une conférence de presse jeudi 31 mars, qualifiant certaines allégations de la part des joueuses d’“erronées, mensongères, voire les deux”. La plainte a été adressée à la Commission pour l’égalité des chances en matière d’emploi (EEOC), une agence fédérale qui impose le respect des lois relatives aux droits civiques pour contrer la discrimination sur le lieu de travail.

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Saturday, April 2, 2016

Qui est le vrai héros de Game of Thrones?


Les sept maisons du monde de Game of Thrones. Image / twipzdeeauxilia / Flickr (cc)


Des mathématiciens ont tenté d’établir scientifiquement, par le biais de calculs savants, qui était le plus important de la saga, parmi la multitude de personnages qui peuplent la série.

“Depuis qu’un certain personnage a eu la tête coupée [dès la première saison] à Port-Réal, il a été difficile de saisir qui est le vrai héros de Game of Thrones”, écrit le magazine Entertainment Weekly. C’est dans ce but que deux mathématiciens du Macalester College, dans le Minnesota, ont réalisé une analyse statistique de l’œuvre de George R.R. Martin, baptisée “Réseau des trônes”. 

[Lire aussi: Game of Thrones: presentation (EN)]

Le professeur Andrew J. Beveridge et l’étudiant Jie Shan, amoureux des maths et visiblement de la série aussi, “ont retracé les relations complexes entre les personnages de A Storm of Swords [“Une Tempête d’épées”], le troisième tome de la série de Martin qui fut l’inspiration pour les saisons 3 et 4 de l’adaptation de la chaîne HBO”.

Les trois finalistes qui ressortent le plus sont Tyrion Lannister, Jon Snow et Sansa Stark. Le vainqueur définitif : “En tant que bras droit du roi, Tyrion est au centre de toutes les machinations politiques de la capitale. Notre analyse suggère que c’est lui, le héros du livre”.

Bien sûr, si tant est qu'il est possible de juger de l'importance - subjective - d'un personnage à travers une étude mathématique. La science ne résout pas tout - encore moins dans le monde littéraire.

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Friday, April 1, 2016

Le Brexit, source de poissons d'avril pour la presse britannique

Image modifiée / Nicolas Raymond / Flickr (cc)

Le 1er avril 2016 est l’occasion pour nos voisins britanniques d’utiliser le terreau comique fertile qu’est le débat sur le Brexit. Top 5 des articles canulars de cette journée, quelques mois avant le (vrai) référendum.

1) The Guardian : Brexit and the Queen

The Guardian publie un papier consacré à la monarchie sous le titre : “Exclusif : la famille royale envisage d’intervenir de façon extraordinaire sur le Brexit”. Les membres de la famille royale seraient apparemment “en colère” quant aux rumeurs selon lesquelles la reine soutient le Brexit ; ils souhaiteraient donc faire une annonce publique en juin sur leur soutien à la campagne pro-Europe. A travers des citations attribuées à des mystérieuses “sources” à la langue bien pendue, le journal se lâche sur le Premier ministre David Cameron et sur les “gens du nord avec un accent”. Quant au Prince Philippe, il aurait une “fâcheuse tendance à jurer”.

2) The Independent : la rupture nationale

Pour ce quotidien, l’Écosse et le Pays de Galle fomenteraient de s’allier pour “former leur propre pays” si jamais le Royaume-Uni quittait l’Union Européenne. L’information du journal proviendrait de documents officiels “obtenus par un lanceur d’alerte du bureau du conseil des ministres”, qui s’est déjà enfui du pays et est “actuellement en sécurité dans un lieu non divulgué à Moscou”. Une telle rupture pourrait même entraîner un changement de nom de la Grande-Bretagne, “qui ne serait plus qu’un moignon d’Angleterre et d’Irlande du nord” et devrait donc peut-être abandonner l’adjectif “Grande”.

3) Daily Express : des étoiles dans les drapeaux

Selon le tabloïd anglais, les “leaders de l’Union européenne EXIGENT que le drapeau de l’UE soit intégré au drapeau anglais, le Union Jack”. Des “graphistes à Bruxelles ont même déjà présenté des modèles”, certains proposant de placer la couronne étoilée “effrontément au CENTRE des drapeaux nationaux existants”. Cette information proviendrait d’une “fuite” d’un “diplomate haut placé de Bruxelles”. Un clin d’œil en fin d’article pour ceux qui se seraient faits prendre, via la citation d’un membre du parti pro-indépendance Ukip : “Franchement, nous serions des idiots de tomber dans le panneau”.

4) The Telegraph : Brexit et Euro 2016

Encore un papier “exclusif”, cette fois sur l’Angleterre exclue de l’Euro 2016 si jamais le Royaume-Uni quitte l’UE. Le quotidien se serait approprié des “documents légaux […] – qui devraient être soumis [officiellement] pas plus tard que le 1er avril”. Dans un sondage présenté en fin d’article, le journal questionne ses lecteurs : “Comment David Cameron doit-il répondre si l’UEFA exclut l’Angleterre de l’Euro 2016 ?” Parmi cinq réponses, deux attirent l’attention : “Envoyer le Prince William et David Beckham pour demander grâce”, et “Déployer trois paramilitaires à Paris pour brûler des bottes de foin sur les Champs-Élysées”.

5) BT.com : Poisson d’avril… repoussé

Le géant de la télécommunication britannique prend part à son tour aux blagues du 1er avril, en faisant croire que les “bureaucrates européens” ont décidé de repousser toute tradition de farce au 2 avril. La raison : “Le 1er avril […] est aussi la date anniversaire – en 1815 – du chancelier Otto von Bismarck, considéré par les pro-européens comme le père du super-État”. L’auteur continue : “La proposition a été ratifiée cette semaine – trop tard pour le 1er avril de cette année. Mais l’an prochain, ces festivités seront programmées au 2 avril.”

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