Tuesday, July 30, 2019

Coupes budgétaires d’Aide juridique Ontario: des conséquences pour les plus démunis

À l'image de ce groupe rassemblé devant le bureau de circonscription de Doug Ford, à Etobicoke, près d'une cinquantaine de cliniques juridiques ont appelé à la mobilisation partout en Ontario contre les coupe du gouvernement à Aide juridique Ontario, qui s'occupe de représenter les plus démunis. PHOTO : RADIO-CANADA / MARGUERITE GALLORINI

La décision du gouvernement Ford de réduire le financement aux services d’aide juridique pour les plus démunis fait rage dans l’Ontario aujourd’hui.

Les coupes budgétaires annoncées en avril dernier se traduisent par une baisse du financement public d’Aide juridique Ontario (AJO) de 30%, soit 133 millions de dollars de moins, soit près des trois quarts de son budget annuel. 

Le gouvernement leur interdit également d'utiliser son financement provincial pour traiter des cas de réfugiés ou de nouveaux arrivants.

Durant cette journée d’action organisée par l’Association des cliniques juridiques communautaires de l'Ontario (ACJCO), de nombreuses cliniques d’aide juridique ont dénoncé ces coupes budgétaires lors d’une cinquantaine d’événements à travers toute la province.

L’AJO, qui fournit des services juridiques aux individus moins nantis, parle d’un vrai coup dur, notamment pour les francophones qui s’installent ou qui sont déjà établis en Ontario. Au cours de la dernière année, quelques 5000 clients ont reçu des services en français.

Des conséquences pour les plus marginalisés


La Commission de l'immigration et du statut du réfugié du Canada a déjà noté que cette décision entraînera des retards et d'autres perturbations des activités entourant les demandes de statut de réfugié dans la province. 

C’est une inquiétude partagée par beaucoup d’experts et membres de la profession, comme le Barreau de l’Ontario, qui craint une incidence de ces compressions sur les Ontariens vulnérables, qui ont besoin d’aide juridique mais qui n’ont pas les moyens d’en obtenir.

Avvy Go, directrice de la Chinese and Southeast Asian Legal Clinic (CSALC), explique ainsi que nombre de leurs clients sont des personnes dans des situations précaires tels que des employés de restaurant ou de salon de manucure sans représentation juridique et abusés par leur employeur, ou encore des locataires expulsés par leur propriétaire.

« En plus d’être dans de telles situations précaires, ces personnes parlent souvent peu ou pas anglais, ce qui présente un autre obstacle pour eux pour avoir accès à des services juridiques », explique-t-elle. 

« Si nous ne sommes plus en mesure d’offrir des services juridiques à cause de ces coupes budgétaires, ces personnes ne pourront plus se tourner vers qui que ce soit. Ils ne vont pas trouver de l’aide vers leurs députés : la plupart de ces clients nous sont déjà transférés par les députés. »

Xem Truong, par exemple, explique via un interprète qu'il est arrivé au Canada en 1994 en tant que réfugié d’un camp en Thaïlande, et est à présent un citoyen canadien. Selon lui, les services de l’AJO sont cruciaux pour que les personnes dans des situations financières précaires comme lui puissent avoir le sentiment d’être protégé quoiqu’il arrive.

Mais cette coupe budgétaire crée de grandes pressions pour les services, ainsi que pour le personnel. 

Avvy Go explique qu’à l’heure actuelle, sa clinique doit aviser entre soit diminuer son personnel et donc sa capacité à offrir des services aux plus démunis, soit potentiellement devoir sous-louer une partie de leurs locaux afin de pouvoir payer leur personnel avec cet argent.

Un impact au-delà des services juridiques


Annette Trepanier, présidente du Conseil d’Administration de la clinique juridique bilingue Windsor-Essex, explique que ces compressions ne concernent pas uniquement le budget, mais aussi des coupures au niveau des services que le gouvernement va leur fournir.  

En effet, c’est un impact qui se reflète jusque dans le milieu de l’éducation, selon Ruth Goba, directrice en chef du Black Legal Action Centre (BLAC) en Ontario :

« Ces coupes budgétaires ont aussi pour effet d’éliminer les goûters dont les enfants des milieux défavorisés ont besoin pour passer la journée à l’école. Ce sont des conséquences sur tout le secteur des services publics: tous les Ontariens devraient être inquiétés par cette décision », lance Mme Goba.

Par ailleurs, le financement d’un programme d'aide destiné à prévenir l’expulsion de jeunes élèves issus des communautés culturelles dans les écoles publiques d’Ottawa a également été touché, et a pris fin en raison des compressions du gouvernement Ford.

L'AJO, qui finançait le programme dans le cadre de sa Stratégie sur les communautés racialisées, affirme disposer cette année des fonds nécessaires seulement pour les programmes à Toronto.

La province rejette la faute sur le fédéral et l'absence de résultats


Selon le ministre du Développement économique Vic Fedeli, l'argent accordé aux cliniques juridiques a été dépensé sans toujours donner de résultats.

Le ministre s'attend également à ce que le fédéral finance les services juridiques de la province. 

L'aide juridique disposera d'un budget de plus de 430 millions de dollars cette année, et encore plus si le gouvernement fédéral s'engage à financer adéquatement les services dont il est responsable, a écrit son porte-parole dans un courriel à Radio-Canada.

Ces coupes ne vont pas s’arrêter là, puisque d’autres coupures sont à prévoir d’ici à 2020-2021: la province compte réaliser ainsi des économies annuelles de plus de 164 millions de dollars à compter de 2021-2022, selon le document du budget de l’Ontario.

Pourtant, le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, a déjà souligné que des recherches menées aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie ont révélé que chaque dollar consacré à l’aide juridique rapporte 6 dollars aux gouvernements.

Quoiqu’il en soit, Amy Lavoie, avocate à la Clinique juridique bilingue de Windsor-Essex, reste positive quant à un retour du gouvernement Ford sur leur décision : « On a de l’espoir. On voit déjà que le gouvernement ontarien a réfléchi à certaines décisions qui avaient été prises avec le budget sorti en avril 2019, donc on ne peut jamais perdre espoir. »


Cet article a été édité et publié sur CBC/Radio-Canada

Monday, July 29, 2019

Réconciliation et guérison autochtone

La sculpture, fabriquée à partir de calcaire de l'Indiana, pèse dix tonnes et fait trois mètres de haut.
PHOTO : RADIO-CANADA / MARGUERITE GALLORINI

La seconde édition du festival autochtone Célébration de l'héritage est en cours sur la place Nathan Phillips à Toronto. Cet événement rend hommage aux victimes des pensionnats autochtones et tous les enfants qu'ont perdus les familles concernées, et célébre la culture autochtone. En pièce centrale de ce festival : la réplique de la sculpture d'une tortue géante, nommée Restauration de l'identité et réalisée par l'artiste anishinaabé Solomon King. 

Une fois achevée, cette tortue trônera au centre d'un espace dédié à la reconnaissance et à la célébration de la culture des peuples autochtones, dans un effort de réconciliation entre le Canada et les peuples autochtones. Le coût de la réalisation de cet espace est estimé à 5,2 millions de dollars, et la complétion de cet espace pour l'enseignement, l'apprentissage, l'échange, et la guérison est anticipée pour 2022. 

La tortue, symbole de la culture des peuples autochtones


La tortue est un symbole fort, présent dans plusieurs histoires de création chez les Premières Nations. La sculpture, fabriquée à partir de calcaire de l'Indiana, pèse 10 tonnes et fait 3 mètres de haut. Elle représente une tortue qui se tient sur un rocher, sur la base duquel sont répertoriés les 17 pensionnats de l'Ontario.

Solomon King est un artiste local de la réserve indienne de la Première Nation Neyaashiinigmiing, à trois heures au nord de Toronto. Il explique la symbolique derrière la statue qu'il a créée.

« Cette tortue représente la terre, l'Amérique du nord », explique-t-il. « C'est donc l'histoire de notre commencement. Pour nous, c'est un moyen de se réaffirmer, de se réconcilier après les pensionnats, et de réintégrer notre place dans la société ».


Cet espace et cette statue ont été créés en réponse à l'une des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation. En particulier, l'appel à l'action 82 exhorte le gouvernement fédéral à « commander un monument national sur les pensionnats et de l’installer de manière à ce qu’il soit accessible au public et très visible dans chaque capitale ».

Festivités traditionnelles et processus de guérison


L'événement, qui a lieu aujourd'hui et demain, met en vedette la culture autochtone avec des prestations musicales, de la danse, des dégustations de nourriture traditionnelle, et des installations artistiques. 

Le maire de Toronto, John Tory, avait indiqué plus tôt que cette célébration de la résilience des survivants des pensionnats autochtones était l'occasion de passer de la discussion à l'action en matière de réconciliation.

Theo Nazary, organisateur stratégique du Centre culturel Native Council Fire de Toronto, explique que c'est l'un des plus grands rassemblements autochtones dans un espace urbain en Amérique du Nord. 

Pour lui, il est question de célébrer la culture autochtone avec tous: « Nous voulons montrer toute la positivité et les cadeaux que les gens autochtones ont à offrir à cette terre », affirme-il.

À l'intérieur d'une vingtaine de grands tipis colorés, on peut ainsi trouver de nombreux ateliers et discussions ouverts au public pour apprendre à créer des sacs médicinaux et des sachets à tabac, apprendre la langue ainsi que des histoires de création, des jeux, et bien d'autres aspects de la culture autochtone.

Un espace de rencontres et de soutien pour les survivants des pensionnats est également réservé sur la place Nathan Phillips, avec du personnel formé pour soutenir ces familles. Lundi soir, le film documentaire dépeignant l'histoire de ces pensionnats We Were Children était également censé être diffusé sur la place, suivi par une table ronde. 

Cet article a été édité et publié sur CBC/Radio-Canada.ca

Wednesday, July 17, 2019

Record high temperatures hit the top of the world


Climate change is hitting hard everywhere, and the heat wave that comes with it cannot be escaped – not even at the very top of the world. The city of Alert, in the Canadian Territory of Nunavut, has recently seen record high temperatures.

The town – which is the northern-most inhabited place on Earth, only 508 miles away from the North Pole – usually sees an average daily temperature of 3.4 C (38.1 F), with an average high of 6.1 C (43 F), in July. This year, the barometer rose up to a record high of 21 C (69.8 F) on July 14th.

"That's what we're seeing more often," David Phillips, Environment Canada's chief climatologist, told CBC News. "It's not just half a degree or a 10th of a millimeter. It's like hitting a ball out of the ballpark. It is so different than what the previous record was." Though any one factor is hard to pinpoint, Phillips said: "With temperatures you've never seen before, you can't dismiss it as not having a climate change component."

Indeed, Canada has seen a higher rate of warming than in most other regions of the world, especially in the North: average temperatures in Canada have increased by at least 1.6 C (33.8 F) since 1948. As the Honourable Catherine McKenna MP, Canada’s minister of environment and climate change, told activist group Climate Reality: “Continued amplification of warming at high latitudes is projected under all scenarios of future climate change.”


What can be done? One recent study explains that planting one trillion trees could be an effective way to fight global warming – and Canada is specifically one of six countries with enough land to do this. While this is encouraging, the whole tree-planting process can take up to five years: time for Canada to roll up its sleeves and start working on it.  

This article was written for this blog only.