Bruno Vespa (au centre), le présentateur de l’émission Porta a Porta. Sur l’écran, Salvo Riina (à gauche) et son père Totò (à droite). Capture d'écran Youtube / Rai |
L’émission “Porta a porta” sur Rai Uno fait une
nouvelle fois polémique après avoir accueilli le fils d’un chef de la
mafia sicilienne Cosa Nostra.
L’émission a été organisée à l’occasion de la sortie du livre de Salvo, Riina Family Life, où il décrit une vie “sereine” étant enfant, avec un père “aimant” (qui était alors en cavale). Lors de l’interview, le célèbre présentateur Bruno Vespa – souvent décrié pour son ton complaisant - lui demande s’il se rappelle du 23 mai 1992, le jour où Giovanni Falcone, célèbre juge anti-mafia, a été assassiné par Cosa Nostra. “Je me rappelle être rentré à la maison, et mon père était là à regarder le journal télévisé. Ca ne m’est jamais venu à l’esprit qu’il puisse être impliqué dans cet attentat”, répond Salvo.
Un retour de bâton immédiat
La sœur de Giovanni Falcone a dit être “consternée” par cette interview. Il Post la cite :Je m’engage à porter les valeurs de légalité et de justice aux jeunes de toute l’Italie, valeurs pour lesquelles mon frère a dû subir l’extrême sacrifice, et il est indigne de voir une telle présence dans un média censé relever du service public.Une pétition a même été mise en ligne sur le site Change.org pour fermer l’émission Porta a Porta. Elle a déjà recueilli 110 000 signatures au matin du 8 avril, soit deux jours après la diffusion de l’émission. “Il est inacceptable que la Rai autorise la diffusion de cette émission de Porta a Porta”, s’insurge la pétition : “La Rai est publique, payée avec nos impôts ! Nous ne pouvons plus supporter ce genre d’émissions, cette fausse information journalistique. Et ce n’est pas la première fois.”
La librairie “Il Vicolo Stretto” à Catane, en Sicile, a refusé de vendre son livre, et a appelé les autres librairies via Facebook à faire de même. Le Corriere del Veneto rapporte
également que la maison d’édition Feltrinelli a refusé d’héberger la
présentation du livre de Salvo dans sa librairie de Padoue : “prendre en charge le fils de Totò Riina n’est pas en accord avec notre politique”, a déclaré un représentant.
Une interview si monstrueuse que ça ?
Quant à Massimo Gramellini, écrivant son édito quotidien “Bonjour” dans La Stampa, il refuse de faire la chasse aux sorcières.Interviewer le fils de Totò Riina est un coup journalistique. Pas autant que si cela avait été le père, mais presque. Et pourtant, dès que c’est Bruno Vespa qui le fait, cela devient soudainement une chose immonde. […] Quel journaliste serait assez fou pour refuser une conversation avec le chef de Daech ?En attendant, la Commission parlementaire antimafia a convoqué, jeudi 7 avril, la présidente de la Rai, Monica Maggioni, et le directeur général Antonio Campo Dall’Orto, pour une audition de toute urgence, comme le rapporte le Corriere della Sera. A la tête de la Commission, Rosy Bindi a publiquement condamné l’émission de télévision, qu’elle a estimé être “le salon du négationnisme de la mafia”.
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