La nation Attawapiskat est une communauté isolée du district de Kenora dans le Nord de l'Ontario, au Canada. CAPTURE D'ECRAN / THE NATIONAL (CBC) / YOUTUBE |
Une vague de suicides, notamment chez les jeunes, frappe la communauté d’Attawapiskat au Canada, qui a déclaré l’état d’urgence. Cette crise est une conséquence de l’histoire des Amérindiens au Canada, estiment des commentateurs.
Mardi 12 avril, “l’ampleur de la crise à Attawapiskat s’est révélée encore plus profondément”, ajoute Le Devoir, qui a annoncé qu’un pacte de suicide impliquant 13 jeunes autochtones avait été “déjoué”. Un débat d’urgence a eu lieu le soir au Parlement. “Ottawa a pris la mesure d’un drame loin d’être unique”, écrit le journal québécois.
Un problème dans tout le pays
Comme le rappelle le quotidien canadien National Post, la communauté d’Attawapiskat, qui compte quelque 2 000 membres, est victime de suicides “depuis des décennies”. Le magazine américain The Atlantic explique que cette communauté connaît “un fort taux de pauvreté”. Localisée près de la baie de Hudson, dans le nord du pays, elle n’a pas accès aux mêmes ressources que les autres Canadiens : “La ville la plus proche se trouve à 500 kilomètres.”
Plus largement, le magazine souligne que le suicide est la première cause de décès des jeunes Amérindiens au Canada, “cinq à six fois plus à même de se suicider que les autres jeunes”. Le député Charlie Angus a déploré le manque de ressources à la Chambre des communes du Canada :
Quand un jeune tente de mettre fin à sa vie dans une école de banlieue, des équipes sont envoyées en urgence. (…) Les communautés du Nord sont laissées à elles-mêmes. Nous n’avons pas de moyens de fournir des soins psychologiques. Nous n’avons pas de ressources.
Traumatisme
Pour plusieurs commentateurs, cette épidémie de suicides est une conséquence directe de l’histoire canadienne. Elle révèle “une sombre réalité à laquelle doit à présent se confronter un pays qui se trouve au milieu d’un processus de vérité et réconciliation”, écrit un contributeur canadien amérindien dans The Guardian.Cette urgence a été fabriquée sur plusieurs générations et tacitement favorisée par un Canada qui a décidé d’exploiter ses ressources naturelles, de faire du prosélytisme et de brutaliser des générations d’enfants dans les pensionnats [autochtones], puis de se retirer en laissant les logements, les systèmes d’éducation et de santé dans un état déplorable.Un diagnostic partagé par l’écrivain canadien Joseph Boyden, qui évoque dans le magazine Maclean’s “un traumatisme intergénérationnel”.
Comme le rappelle le contributeur du Guardian, le Canada a engagé un processus de “vérité et réconciliation”. En décembre dernier, une Commission vérité et réconciliation a estimé que la séparation et l’acculturation forcée des enfants dans les pensionnats autochtones avaient constitué un “génocide culturel”. La crise chez les Attawapiskat montrera “jusqu’où le Canada est vraiment prêt à s’engager pour la vérité et la réconciliation”, conclut le texte du Guardian.
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