Thursday, March 17, 2016

"Macédoine", ce pays dont on ne doit pas prononcer le nom

Panos Kammenos (à gauche) lors de sa campagne électorale en septembre 2015
et Yannis Mouzalas (à droite) sur la chaîne Skai TV en janvier 2016.
Photo; C Messier / Wikimedia Commons (gauche); Capture d'écran / AlphaX News / Youtube (droite)

Interrogé à la télévision, le ministre grec Yannis Mouzalas a prononcé le nom de “Macédoine” au lieu d’“Ancienne République yougoslave de Macédoine”. Ce sujet, sensible en Grèce, peut lui valoir sa place.

Yannis Mouzalas a provoqué une crise dans le gouvernement de coalition grec. La raison : le ministre adjoint à la Politique migratoire a usé du terme “Macédoine” pour désigner l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (Arym) lors d’une interview accordée à la chaîne grecque Skai TV, mardi 15 mars au soir. Selon le quotidien grec I Kathimerini, “l’erreur n’est pas grave au point de menacer la coopération gouvernementale”.

C’est pourtant le cas : bien que le “coupable” se soit rapidement excusé, le président du parti de droite Grecs indépendants et ministre de la Défense, Panos Kammenos, ne veut accepter rien de moins que la démission de Yannis Mouzalas. Le journal se désole : “Les deux partis auraient pu en rester là si les excuses avaient été acceptées.”

Suite à une réunion de crise avec le Premier ministre Alexis Tsipras, le jeudi 17 mars, le quotidien grec rapporte que “les membres du gouvernement de la coalition ont accepté de mettre leurs différends de côté” le temps du sommet européen. Ils ne décideront de la démission du ministre de l’immigration qu’ensuite, pour ne pas “affaiblir la position du Premier ministre Alexis Tsipras, et de [Yannis] Mouzalas, durant les négociations de Bruxelles”.

Le gouvernement avait officiellement apporté son soutien au ministre de l’immigration dans un communiqué, qualifiant cette polémique de “tentative hypocrite et irresponsable” de miner les efforts du ministre en rapport avec la crise des réfugiés.

Le quotidien met en garde : “Si le gouvernement décide de garder M. Mouzalas, ce sera une grande humiliation pour M. Kammenos, mettant en danger la mobilisation de ses propres électeurs”, et donc la fragile coalition au pouvoir.

La République de Macédoine est devenue indépendante en 1991, et ce nom est reconnu par des pays comme les Etats-Unis, la Russie ou la France depuis 2009. La Grèce n’a jamais accepté le titre de République de Macédoine, revendiquant ce patrimoine culturel, historique et géographique – la région nord-est de la Grèce s’appelant Macédoine. 

Cet article fut publié sur Courrier International

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