Héritage culturel complexe pour certains, symbole du colonialisme pour
d’autres : un coq africain en bronze exposé à Cambridge va être rendu au
Nigeria. Une décision qui divise la presse britannique.
Capture d'écran / Traditionalism Archive / Youtube |
Il trône depuis
1930 dans le hall du Jesus College de Cambridge. Un coq de bronze, baptisé
“Okukor”, pose problème à certains étudiants qui veulent que la sculpture soit
rendue à l’Afrique de l’Ouest.
Cette demande de
rapatriement a été faite en février par un collectif d’étudiants de Cambridge,
estimant dérangeant ce symbole de l’héritage colonialiste du Royaume-Uni. La
statue avait été volée à l’empire du Bénin – aujourd’hui le sud du Nigeria – en
1897 par un officier de l’armée britannique, qui l’avait ensuite cédée au Jesus
College.
Le mardi 8 mars,
l’université a accepté de renvoyer ce coq à un palais royal nigérian. Pour le
quotidien Daily Mail, “rapatrier des objets d’art […] pour se faire pardonner
de la colonisation est un piètre substitut à la reconstruction du monde
moderne”.
Le passé est le passé
Le quotidien
conservateur n’est pas d’accord avec ce postulat de réparation du colonialisme.
Rappelant que “la gloire du Bénin s’est bâtie sur le commerce de l’esclavage”,
le journal remet surtout en question l’argument de l’identité culturelle
nationale pour le rapatriement de cette statue, alors qu’elle “a été créée au
XIIIe siècle, bien avant la naissance de l’Etat moderne du Nigeria”.
Un autre journal
conservateur, The Telegraph, embraie sur l’inconsistance de cet argument :
Même s’il était juste de demander aux Britanniques d’aujourd’hui d’être tenus responsables d’actions réalisées bien avant leur naissance (et ça ne l’est pas), comment un tel principe pourrait-il être appliqué de façon universelle ? Devrions-nous demander des comptes aux Danois et aux Norvégiens pour les raids vikings ? […] Le passé est le passé ; il ne peut être changé par des gestes contemporains déplacés.
Pour une
reconnaissance de la valeur artistique
Le quotidien de
centre gauche The Guardian, quant à lui, mélange perspectives colonialiste et
artistique dans son analyse du débat. Il considère cette statue comme un
“chef-d’œuvre” ; il est aussi d’accord avec le Daily Mail qui écrit qu’avec de
telles restitutions “les musées du monde entier se trouveraient vides”.
The Guardian
apporte toutefois une nuance : ce coq n’est pas dans un musée, ainsi sa valeur
artistique est-elle niée. Le quotidien poursuit : “La façon dont le Jesus
College expose ce coq est un héritage d’une époque que l’on ne regrette pas.
C’est une œuvre d’art, mais elle est exposée comme une sorte de mascotte. Quelle
condescendance.”
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