La carpe à grosse tête est l’une des deux espèces de carpe asiatique étudiées par l’Université du Michigan. Photo: Ryan Hagerty/ U.S. Fish & Wildlife Service |
Une nouvelle
étude américaine révèle que le risque d’invasion de la carpe asiatique serait
encore plus grand que les experts l’avaient précédemment pensé.
Dans une étude
américaine de l’Université du Michigan publiée lundi, des experts concluent que
cette espèce de carpe serait plus adaptable que ce que la communauté
scientifique pensait auparavant, et qu'elle peut même se nourrir d’excréments
de moule.
Les auteurs de
l’étude se sont penchés sur deux espèces de carpe asiatique – la carpe à
grosse tête et la carpe argentée – et ont établi des modèles scientifiques
pour estimer leurs chances de survie et de prolifération dans le lac Michigan.
Ces carpes se
nourrissent principalement de plancton et de plantes aquatiques, et on pensait
qu’elles ne pourraient pas s’établir dans certains Grands Lacs tels que le lac
Michigan, qui sont considérés comme des déserts de plancton.
Les auteurs de
l’étude américaine se sont demandé si ces poissons se nourrissent d’autres
choses que du plancton, explique Peter Alsip, auteur principal de cette étude
et chercheur à l’Institut coopératif de recherche sur les Grands Lacs à
l’Université du Michigan.
Les scientifiques
ont ainsi découvert que la carpe asiatique pouvait également se nourrir
d’éléments moins nutritifs, mais très abondants, comme les excréments et rejets
non digérés de moules, des mollusques abondants dans le lac Michigan.
Menace pour la
pêche en Ontario
La carpe à grosse
tête et la carpe argentée se retrouvent actuellement dans la rivière Illinois,
à la porte du lac Michigan. En raison de la proximité du lac Michigan et
de l’existence d’une connexion physique au lac Michigan, nous savons que le
risque qu’elles arrivent est élevé, admet Peter Alsip.
« Du fait
que ces eaux libres sont accessibles [pour ces carpes] », explique l’analyste, « elles
pourraient les utiliser en tant que couloirs par lesquels migrer avant
d’atteindre les zones qu’elles recherchent, comme Green Bay et les zones près
des bouches de rivières. »
Depuis son
arrivée au Canada dans les années 1970, Didier Marotte pêche dans les
Grands Lacs, et il a pu observer une détérioration de la situation.
« La carpe
asiatique a vraiment un effet sur la chaîne nourricière des poissons
commerciaux : le saumon, le doré, la perche », explique Didier
Marotte.
« Si les
carpes asiatiques nous arrivent [...] leur population pourrait exploser, puis
cette expansion de leur territoire aurait à terme des conséquences importantes
sur cette chaîne de production de nourriture ».
Ce serait en
effet une menace à la pêche récréative et commerciale en Ontario, qui
représente un marché total de 2,5 milliards de dollars, selon le ministère
des Ressources naturelles et des Forêts de l’Ontario.
Selon un autre
rapport économique publié plus tôt cette année, c’est en particulier le lac
Érié qui serait touché par l’invasion de la carpe asiatique. Plus de 90 %
de la valeur de la pêche commerciale des Grands Lacs est liée à cette région.
Le ministère des
Ressources naturelles et des Forêts de l’Ontario continue à prendre des mesures
de prévention et d’inspection pour empêcher la carpe asiatique de venir jusque
dans les Grands Lacs.
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