Drapeau LGBT étatsunien. Image: Wikimerdia Commons |
Plusieurs Etats du Sud ont récemment adopté des mesures discriminatoires contre les homosexuels. Mais ils font face à la pression de nombreuses entreprises qui n’hésitent pas à les boycotter. En Caroline du Nord, le gouverneur a reculé sur une loi discriminant la communauté LGBT.
“Les entreprises doivent prendre la tête du combat contre une série de lois discriminatoires”, exhorte le Financial Times dans un édito sur “La réaction anti-gay dans le Sud des Etats-Unis”.De fait, le passage d’une série de mesures anti-gay et anti-transgenres dans divers Etats du Sud est en train d’accentuer les tensions entre l’aile conservatrice du parti républicain et le monde des grandes entreprises. Le New York Times évoque “les fissures de plus en plus importantes entre les intérêts des entreprises et le conservatisme social”, dont l’alliance a joué un “rôle central dans la coalition républicaine”.
“Loi toilettes”
Dernière illustration en date : la “loi toilettes” adoptée le 24 mars en Caroline du Nord, qui oblige notamment les transgenres à utiliser uniquement les toilettes correspondant au sexe inscrit sur leur acte de naissance. Elle a conduit de nombreuses grandes entreprises américaines et internationales à boycotter l’Etat.
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“Plus de 100 directeurs d’entreprises, y compris ceux de Bank of America, IBM, Apple, Intel, Google, et American Airlines, ont signé une lettre appelant au retrait de cette loi”, rappelle un chroniqueur dans le Charlotte Post. La compagnie PayPal et la Deutsche Bank sont toutes deux revenues sur leurs plans d’investissement et leurs promesses d’embauche dans l’Etat. Tandis que l’artiste Bruce Springsteen a annulé un concert en Caroline du Nord.
Le 12 avril, le gouverneur républicain de l’Etat, Pat McCrory, a fini par émettre un décret amendant la loi pour tenter de calmer les esprits. Il n’a cependant pas touché à la disposition la plus polémique, celle sur les toilettes.
Manœuvre politique
Les politiciens républicains sont en réalité pris en étau entre leur base conservatrice et les entreprises. Selon un législateur cité dans The Charlotte Post, les parlementaires de la Caroline du Nord “savaient très bien ce qu’ils faisaient” lorsqu’ils ont adopté la “loi toilettes”, car “cette nouvelle loi peut mobiliser leur base électorale”. Le Washington Post précise que de nombreux républicains avaient espéré que la “loi toilettes” puisse rassurer les électeurs évangéliques.
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Mais les entreprises ne l’entendent pas de cette oreille et ont déjà obtenu plusieurs succès, note le Financial Times.
“Le gouverneur républicain de Géorgie a opposé son veto à un projet de loi similaire le mois dernier après que Coca-Cola, Home Depot et d’autres grandes entreprises d’Atlanta se sont élevées contre la nouvelle loi.”Et Tim Cook, le PDG d’Apple, “a joué un rôle clé l’an dernier en persuadant l’Indiana et l’Arkansas de reculer sur des projets de loi du même genre”.
Pour le Financial Times, l’agenda conservateur sur les questions de société est “voué à l’échec”. Le quotidien conseille au Parti républicain de “revisiter ses principes de base”. “Si les législateurs républicains aliènent les entreprises et la clientèle, les investisseurs partiront ailleurs. C’est comme ça que les marchés fonctionnent. Il en va de même pour les votes.”
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