Tuesday, March 8, 2016

L'après sommet UE - Turquie

 
Le président turc Recep Tayyip Erdogan à Bakou, en visite en Russie / crédit photo :
Service de presse du Président de la Fédération de Russie / cc

« Un syrien pour un syrien » : c’est le nouvel accord trouvé dans la nuit de lundi à mardi, lors du sommet entre l'Europe des vingt-huit et la Turquie. Selon ce plan, proposé par Ankara et pensé avec Berlin, l’Europe renverrait donc tous ses migrants, qu’ils soient réfugiés ou économiques, en Turquie. C’est ensuite elle qui ferait le travail de tri entre les candidats sérieux ou non au droit d’asile, avant de renvoyer les réfugiés « légitimes » en Europe.

La Turquie a déjà près de 3 millions de réfugiés. Elle a donc réclamé 3 milliards d’euros d’aide supplémentaires, en plus des 3 milliards déjà promis en novembre dernier – mais pas encore déboursés, ce que le président turc Recep T. Erdogan a déploré depuis Ankara. D'aucuns pensent que la Turquie a trop profité de sa position de force dans les négociations. Pour Catherine Lalumière, présidente de la Maison de l’Europe à Paris et ex-secrétaire générale du Conseil de l'Europe et vice-présidente du Parlement européen, il est normal de payer la Turquie en retour – y compris la Grèce, qui doit recevoir 300 000 euros d’aide d’urgence.

Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, est quant à lui “convaincu de la légalité de cette décision”. Pourtant plusieurs ONG rétorquent que les propositions d’Ankara vont à l’encontre des conventions internationales. Parmi elles, celle des Nations Unies sur les réfugiés, née en 1951, interdit à ses signataires d’expulser ou de renvoyer des réfugiés, sauf en cas de menace à l’ordre public. Le Haut Commissaire aux Réfugiés de l'ONU a d'ailleurs noté que « l’expulsion collective d’étrangers est interdite par la convention européenne des droits de l’Homme ».

Effectivement lors du sommet, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, s’est encore opposé à toute « réinstallation » massive depuis la Turquie. Madame Lalumière déplore les décisions des Balkans qui se referment sur eux-mêmes, et notamment de la Hongrie – à plus forte raison qu'elle a connu Monsieur Orban lorsqu'il n'était encore qu'étudiant, et d'un parti libéral à l'époque, dans les années 1980. Selon elle, cette « nouvelle génération » à la tête du pays aujourd'hui était trop jeune lors de la chute du Mur de Berlin, et se comporte en « enfants gâtés ».

En tous cas selon Jean-Claude Juncker, le sommet de lundi a débouché sur un bon accord qui devrait « soulager une partie de la pression sur [Athènes] », qui est au bord de la crise humanitaire. Le premier ministre Alexis Tsipras est d'ailleurs lui aussi satisfait de ces négociations, qui auront pour effet d'aider son pays. L’accord devrait être signé définitivement au prochain rendez-vous, les 17 et 18 mars à Bruxelles.

Cet article fut écrit en tant que devoir universitaire.

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