Beaucoup se sont sentis trahis après le mensonge de
Volkswagen. Mais se pourrait-il que l'industrie soit parfois
elle-même victime de rumeurs en bourse ?
« Les rumeurs sont très fréquentes en
bourse », confie Anthony
Bondain, rédacteur en chef adjoint du site spécialisé dans
l'édition d'informations boursières Boursier.com. « C'est
même une sorte de fonds de commerce pour les investisseurs que
d'obtenir ce genre d'information. Depuis qu'internet existe, les
canaux de propagation sont évidemment bien plus vastes, et ce qui
était réservé aux personnes très bien informées ou aux grosses
révélations de la presse financière est [maintenant] accessible au
plus grand nombre. » Boursier.com, détenu par le groupe
Lagardère, contient d'ailleurs une page consacrée aux rumeurs en
bourse.
Le 7 août 2011, un article paraît dans le quotidien
britannique du Mail on Sunday, affirmant que la Société
Générale nécessite un sauvetage financier. La Société Générale
publie un communiqué le lendemain, parlant d' « allégations
totalement fausses et irresponsables », et le 9 août le Daily
Mail ôte l'article de son site web et présente ses excuses.
Mais la banque attend le 10 août pour demander une enquête à
l'Autorité des marchés financiers (AMF), et pendant ce temps la
rumeur s'emballe : le titre perd 14,7% en bourse rapidement. En
2013, l'AMF épargne le quotidien britannique qui s'était excusé
rapidement et avait publié un démenti. Quant à la Société
Générale, elle reçoit des dommages et intérêts du Mail on
Sunday lors d'un règlement à l'amiable.
Plus récemment,
c'est le fabriquant de literie Cauval qui y perd des plumes. En
février, la chaîne de magasins But, en affaires avec eux, colporte
que la société Cauval est en cessation de paiement. En résulte une
panique générale se traduisant par l'annulation de commandes et
refus de crédits de la part des fournisseurs. Cauval voit ses ventes
chuter de 26% dans les magasins But ; pourtant, elles sont en
hausse de 36 % avec Conforama. Gilles Silberman, vice-président du
groupe et principal actionnaire de la société, accuse :
« Toute cette campagne de déstabilisation est faite
pour nous acculer à la faillite en vue de récupérer
l’entreprise ».
Finalement en Mars, Cauval et But passent un accord à l'issue de
deux jours et demi de négociations intenses. « Cet
accord met fin à l’ensemble de nos différends », déclare
M. Silberman, dont la société échappe de peu à la faillite.
Outre-Atlantique, Steve Jobs est aussi l'objet d'une
rumeur en 2008 selon laquelle il aurait été victime d'une crise
cardiaque. Bien qu'Apple le dément rapidement, la société essuie
une baisse instantanée de 10% de ses actions. Cette rumeur avait été
véhiculée sur CNN iReport, une initiative de « journalisme
citoyen » de CNN qui permet à n'importe qui de publier, sans
vérification – un exemple parlant qui en montre les limites.
Cet article fut écrit en tant que devoir universitaire.
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